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L’ascension du Pic Lénine, 7134m

23 août 2011

Ca y’est !
Le lundi 15 août, vers 13h, Ingrid, Yannick, Michel, Serge (guide) et moi-même avons atteint le « sommet du pic de la montagne, ça veut dire le maximum de la montagne ! » (cf. un sketch de Gad Elmaleh)

Voilà l’équipe complète, devant le sommet :

Serge, Ingrid, Michel, Stéphanie, Romain, Nathalie, Yannick, le vacancier.
(Photo Stéphanie)


Alors, comment ça se passe une telle expédition ?

A vrai dire ça dépend de la montagne ! Par exemple il faut parfois 10 jours de marche pour atteindre le camp de base. Une caravane de yaks ou de mules porte alors tout le matériel.
Ici c’est plus simple, on peut atteindre le CB en 4×4,  et même en « minibus solide » (voire à vélo)

Ensuite il va falloir :

- équiper les camps d’altitude en tente, nourriture, et gaz,
- acclimater (c’est à dire « habituer au manque d’oxygène ») les candidats au sommet.

Nous ferons porter le matériel au camp 1 par mules ou chevaux, et aux camps 2 et 3 par des porteurs.
Je vous rassure, ceux-ci sont bien équipés, et bien payés.
Ils sont balaises aussi… l’un d’eux est capable de porter 60 kg. La prime étant fonction du poids transporté, ils cherchent en général à porter un maximum.

Pour les acharnés du détail, ou ceux qui cherchent à se renseigner sur ce sommet avant de le tenter, vous trouverez un graphique plus bas, décrivant notre l’ascension jour par jour, et presque mètre par mètre. Et la page « Position du vacancier » vous donne l’emplacement de chacun des camps.


La tente mess du CB.


Les chambres doubles du CB, devant les premières montagnes du Pamir Alaï.


Le camp de base, à 3600m, est plutôt confortable : cuisiniers, douche, et même une télé qui braille les derniers tubes russes pendant les repas.

On trouve dans ce camp toutes les nationalités, et nous avons en particulier côtoyé des alpinistes venant de : l’Azerbaïdjan (ils ont emprunté une voie directe vers le sommet, et non la voie « classique ». De vrais guerriers), l’Iran, l’Espagne, la Russie, la France…

Le « Lénine » est un « 7000 » très fréquenté.

Bref, après quelques préparatifs au camp de base, et une randonnée d’acclimatation à 4000m, nous partîmes, guillerets, vers le camp 1 :

Sur le chemin du camp 1


Enfin à leur place.
(il faut avoir suivi ce blog depuis le début)


Le camp 1, 4400m, est aussi assez bien équipé : tentes fixes, cuisinier,
et douche précaire mais douche quand même.


Une fois au camp 1, nous ne redescendrons plus au camp de base avant la fin de l’expédition.
A partir de ses 4400m, nous allons alors commencer une série de montées et descentes vers les camps 1, 2 et 3 (cf. graphique)

En gros, le groupe :

- monte au camp 2 pour l’équiper, puis revient au C1,
- monte au camp 3 pour l’équiper, puis revient au C1,
- part faire le sommet.

Un soir au camp 1 : couple d’inconnus avec bonnets


Sur la route du camp 2, Yannick s’hydrate, et réfléchit en même temps.


Une cordée lointaine, sur le grand glacier de la face nord.


Entre les camps 1 et 2, des crevasses pimentent le trajet.
Celle-ci (photo suivante) est assez… intéressante !
Nous  trouverons un chemin moins dangereux que celui qu’empruntent ces 4 alpinistes… mal inspirés.

D’où l’intérêt d’être encordé.


Stéphanie en action.


L’arrivée au camp 2 est très longue, et finit par une dernière petite montée éprouvante.

Ce camp 2, 5400m, est, contrairement aux camps précédents, un vrai camp d’altitude : aucune structure fixe, et il faudra littéralement construire nos emplacements (plate-forme dans la glace et les rochers) pour y poser et fixer les tentes.

Arrivée au camp 2 : camp posé dans la pente, sur des rochers et de la glace.
On distingue aussi ceux qui partent vers le camp 3.


Le camp 2, un autre jour, sous la tempête !
D’où l’intérêt  de fixer correctement sa tente…

Je plaisante dans cette légende mais une tente mal fixée peut avoir des conséquences dramatiques. On n’est pas au camping de Biscarosse là.


Ingrid, Stéphanie, Yannick.


Romain
(photos pas vraiment dans l’ordre, mais qu’importe)


En général, il est assez rassurant d’avoir Yannick dans sa cordée.


Froid.


Une autre crevasse sympa.
(photo Ingrid)

Pour  franchir une crevasse, c’est facile :

- soit il y a un petit pont de neige qui relie les 2 bords, dans ce cas on marche dessus en « se faisant léger » (hum…),
- soit il y a juste un petit espace vide, alors on fait un grand pas, ou… on saute,
- soit il y a un grand espace, alors… on installe une échelle en aluminium, ou fait un pont avec des cordes, ou on trouve un autre chemin…
- soit… on tombe dedans : dans ce cas la il faut espérer que la cordée n’était pas trop endormie, qu’elle a réussi à vous retenir, et qu’elle aura assez d’énergie pour vous faire remonter à la surface.

Dangers

La haute montagne est dangereuse et même très dangereuse, nous l’avons malheureusement vérifié plusieurs fois pendant notre séjour : accidents, décès… C’est une réalité que nous connaissions.
Parmi les problèmes importants que l’on peut rencontrer, on compte les oedèmes pulmonaires et cérébraux, provoqués par la raréfaction de l’oxygène. S’ils ne sont ne pas soignés rapidement, ils conduisent au décès du malade (cf wikipedia, ça faisait longtemps)
Les blessures et le froid sont aussi d’autres dangers très importants à ces altitudes.

Après cette parenthèse glauque, reprenons notre « ascension ».

Le camp 3
(photo Stéphanie)


Le camp 3 est à 6100m. A cette altitude on sent bien qu’on n’est pas trop à sa place : manque d’oxygène, froid, vent, parfois de grosses quantités de neige qui tombent… bref la montagne vous murmure en permanence « Que fais-tu là, petit ? Retourne dans tes plaines ! »

Par exemple entrer et sortir de la (petite) tente demande une gymnastique qui essouffle énormément. Aller aux toilettes est toujours une épreuve. Pourtant il faudra travailler à cette altitude pour planter les tentes, et les fixer dans la neige comme on peut. Puis il faudra y « vivre » : cuisiner, dormir, fabriquer de l’eau…

Malgré tout, on aime bien ce camp 3 : Il offre une vue magnifique sur les montagnes voisines (il se trouve sur le haut d’une « bosse »), et est structurellement mieux fait que le camp 2 (moins de pentes)

C’est en général le dernier camp avant le sommet (il existe un camp 4 que nous n’avons pas utilisé). Nous y dormirons 3 nuits au total (cf. graphique etc…)

Pose bizarre sur le chemin du camp 3
(photo Ingrid)


Départ pour le sommet

Après une courte nuit au camp 3, nous prîmes donc le chemin du sommet : départ 3h30 du matin, par -15°C, et beaucoup de vent…

Cette première tentative fut transformée en « journée d’acclimatation » 400m plus haut : retour au C3, et repos jusqu’à re-3h30 du matin.

Le 15 août, à la lumière blafarde de nos frontales lediennes, nous reprîmes donc le même re-chemin, par -20°C, et du vent. Débutait alors une lonnnngue et lennnte ascension de 8h environ. Cette voie ne présente pas trop de difficultés techniques. Des cordes fixes « protègent » les passages dangereux.

La difficulté vint du manque d’oxygène : au départ (6100m) tout semble aller bien, les jambes obéissent… Mais vers les  6600m, cela ne fonctionne plus comme ça. Impossible de garder un rythme de marche normal. Le corps ne trouve plus son « comburant », il étouffe, l’énergie musculaire devient impossible à produire… En pratique sur ma personne : tenter d’accélérer était non seulement impossible, mais provoquait aussi des nausées.

J’ai fini à 2km/h, après un « chemin de croix » interminable, l’esprit perdu dans un nuage de pensées confuses et laiteuses, en pensant ne jamais arriver au but…

Fouler le sommet fut donc un moment très émouvant, en particulier car, bien évidemment, il marquait la fin d’un loong voyage commencé 3 mois avant, quelque part en Sibérie…


Le « jour du sommet » : levé de soleil sur montagnes, et Lune.
Au loin : le Pic Communiste (!)


Sur la voie du sommet.
Quelques heures après, je serai moins vaillant…
(photo Serge)



Le vacancier, Michel, Ingrid, Yannick, et Serge, au sommet.
Cliquez pour  agrandir et voir les têtes.
(photo Serge)



Le graphique : diagramme de l’ascension réalisée.
(sources : Serge Bazin, guide de l’expédition)


Une page web se tourne, maintenant je passe à autre chose, tu en sauras plus dans de prochains articles ! Sache juste que mon vélo est emballé dans un carton (définitivement), et que je suis à Bichkek (capitale du Kirghizstan)
J’espère que tu vas bien cher lecteur, que tu as passé de bonnes vacances d’été, et que tu penses déjà à tes prochaines !

a+

Y.

19 Commentaires
  1. annie

    nous pensons faire le pic lenine en 2012 . Merci pour vos info et vos photos

  2. Laurent

    Souvenirs énormes avec ton blog.
    Tu dois avoir de bien belles images en tête…..Félicitations!

  3. (Bar)

    Le lac Issik Kul…Je connaissais pas, il va bientot arriver en Chine !

  4. aurelie

    - Traverser le Kazakhstan en vélo : ça c’est fait
    - Grimper jusqu’au sommet du Pic Lénine : ça c’est fait
    - Jouer au badminton avec un éleveur de mouton Kazack : ?
    - S’enrichir d’expériences humaines : ça c’est fait
    - Faire partager cette aventure à tous : ça c’est fait
    Contrat rempli et quel contrat !
    je te tire mon chapeau ; c’est incroyable tout ce que tu as fait !!
    Pleins de bonnes choses pour la suite ; @bientôt;

  5. TONTON Daniel

    Félicitations pour ton exploit, Cricri et moi t’attendons avec impatience pour fêter le notre (le champagne est au frais….sans jeu de mots)
    A bientôt

  6. Corinne JOUSSET

    Bravo Yann, toutes mes félicitations, l’ascension est impressionnante et donne le vertige !!!!
    Tes photos sont magnifiques….. Je te souhaite un bon retour en France.

  7. (Bar)²

    Il est où maintenant le Ian ? J’ai hate de voir la suite du périple ?!

    • Gérard

      Il circule à pied, sac à dos, autour du lac Issyk Kul. Prochainement sur vos écrans. Peut-être.

  8. Lenclud Marie-Claude

    Pas de blague, j’étais addicte à ce blog ! Que vais-je devenir si je ne peux plus gravir le Pic Lénine depuis mon confortable fauteuil, sous 25° ? A propos quelle est la température de la douche au camp 1 à 4400m d’altitude ?
    Félicitations !!! Tu peux déposer ton vélo et tes crampons au musée des exploits!!!

  9. Elo et Rico

    Que dire de plus… On est tous baba devant tes exploits. C’est tout simplement beau ce que tu as réalisé.
    A bientôt à des altitudes plus raisonnables. Nous t’envoyons plein de bisous du Francistan.

  10. (Bar)²

    Ah, des nouvelles, je me demandais où t’étais ! C’est fou comme ça à l’air contraignant, usant, extrème. C’est sur que ça change de Biscarosse !

  11. aimache

    Contente et soulagée, admirative et un peu envieuse
    ma photo préférée ? le camp 2 sous la tempête !

    j’ai démarré ma marche de Bretagne presque en même temps que toi… et je crois bien que tu m’as aidée à me propulser en avant.

    De retour at home je rame toujours, mais tu vas pouvoir enfin couch surfer chez moi … une autre façon d’élargir ses horizons …

    see you soon !!!

  12. Natacha

    Impressionnant
    Toutes mes félicitations.

  13. w@w

    Superbe !!!!! Génialissime !!!

    Bravo Yann. Récupère bien, et raconte nous vite la suite.

    @ bientôt

    -Ça m’a fait un gros gros plaisir-

    • drgreen37

      totalement cheuper l’ascension !! Aiigghhttt !!! Ouaiche ma caille !!! FAUX !!!! spéciale dédicace à tout ton fan club, un p’tit rap dans les oreilles de Matt Pokora et c’est pas malin de s’moquer des gens comme ça, c’est pas malin !!!

  14. drgreen37

    Félicitations !!!
    Le retour va te sembler bien morne maintenant …

  15. Монтень

    Молодцы ребята! Хочется обнять каждого, как друга, с которым давно не виделся, и от всего сердца пожелать такого же успеха в преодолении всех жизненных трудностей!
    После каждого посещения сайта душа рвётся в путешествие! Янн, твой пример заразителен!

    —————————–
    Traduction Google :
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    Well done guys! Je veux embrasser tout le monde comme un ami avec qui il n’avait pas vu depuis longtemps, et vivement souhaite le même succès à surmonter toutes les difficultés de la vie!
    Après chaque visite à l’âme du site impatient pour un voyage! Jann, votre exemple est contagieux!

  16. Didier

    BRAVO Yann !
    Quel exploit !!!
    Bonne réadaptation à la vie normale maintenant…

  17. Guillaume

    Trop bien !
    Quelle est la suite du programme ?
    Retour en France ou petits détours vers d’autres magnifiques photos !!!

    A+

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